C'était une belle journée. Jeanne ne bossait pas aujourd'hui, alors elle avait décidée d'être productive, en préparant un diner à Emilien quand il rentrerait du boulot. Ou tout du moins elle allait essayer. Il faut bien dire que la cuisine et elle, ça n'avait jamais vraiment fait bon ménage. Elle avait bien failli mettre le feu à la villa d'Emilien en Australie, alors qu'on ne lui avait donné qu'une petite tache à faire. Depuis, bizarrement, elle était interdite de cuisine. Cependant, Jeanne était du genre à penser que lorsqu'on tombe de cheval, il faut remonter dessus. La cuisine était son cheval, et elle en était tombé plus d'une fois, d'où le nombre incalculable de marque de brulures plus ou moins ancienne sur le corps de Jeanne, certains à des endroits plus qu'improbable. Pas douée un jour, pas douée toujours, notre pauvre Madame Leblanc. Enfin bref. Cette fois-ci, elle était bien décidée à ne rien bruler et à préparer un repas digne de ce nom à son cher et tendre époux. Cela étant dit, elle avait toujours l'option, on commande un repas à livrer, et je m'offre en guise de dessert, si vraiment ça venait à échouer. Mais elle ne voulait pas être aussi pessimiste. Elle chercha donc une recette sur internet, sur youtube, ça serait plus simple, se dit-elle, si elle pouvait voir la marche à suivre. Après tout, Youtube avait toujours été son ami. Elle avait l'après-midi pour tout préparer, et surtout pour aller faire les courses. Elle avait choisi une simple salade en entrée, des lasagnes en plat de résistance et un gâteau au chocolat, avec des fraises en dessert. Elle était optimiste. Elle partit donc faire les courses, acheter des produits frais, il paraissait que c'est super important et elle rentra. Elle s'habilla de manière plus confortable. Mini short et chemise d'Emilien, elle n'avait pas l'intention de bruler un de ses hauts si ça venait à tourner mal voyez-vous. Et elle commença à cuisiner, avec son ipad à coté, pour suivre la marche à suivre et pour le moment, tout semblait aller bien. Emilien devait rentrer dans quelques instants, il serait fier d'elle. Elle sourit à cette pensée et commença à chantonner en cuisinant. Faisant toutes, les recettes en même temps... Mauvaise idée, elle s'en rendrait compte plus tard.  

Elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir et un sourire presque enfantin illumina instantanément son visage. Cela devait être Emilien, son mari, qui était rentré, May, elle, était dieu sais où à faire sa May. Son sourire s'élargit un peu plus encore quand elle songea à ce qu'elle venait de penser. "Emilien, son mari". Elle avait beau l'avoir vécu en chair et en os, elle n'arrivait pas à croire qu'elle, Jeanne Bourgeois, que la vie n'avait jamais réellement gâtée tant que ça, était mariée à l'homme le plus parfait qu'il lui ai été donné de rencontrer dans sa courte vie. Il était beau comme un dieu, charmant, attentionné, doux, la liste continuait ainsi pendant des heures et des heures si elle laissait vagabonder son esprit. Or, elle cuisinait, trois plats en même temps, mieux ne valait pas éparpiller ses pensées, même si pour le moment elle semblait gérer.  Son cerveau se reconcentra alors sur la lourde tache qu'elle s'était fixée, à savoir le diner. Si bien que quand le jeune homme s'approcha doucement et lui attrapa les hanches, elle sursauta manquant d'en renverser la casserole de chocolat brulant sur elle-même. Crise évitée fort heureusement. Imaginez vous arriver aux urgences "Que s'est-il passé?" Brulure par chocolat fondu. Ça fait plus rire qu'autre chose. Bien calée contre son homme, il allait être plus qu'ardu pour notre jeune LeBlanc, de rester concentrer sur sa cuisine, elle qui avait un niveau de concentration similaire à celui d'un chaton jouant avec une pelote de laine. Et alors, si il commençait à l'embrasser dans le cou, ils avaient pas sorti le derrière des ronces. Elle frissonna légèrement au contact des lèvres chaudes d'Emilien sur la peau de son cou, tentant tant bien que mal de rester concentrer sur son "touillage" de chocolat. « Ça sent drôlement bon. »  Dit il avant de reposer ses lèvres dans le cou de notre jeune américano-française. « J'espère bien! » Elle passa sa main libre, en touillant à moitié le chocolat de l'autre main, dans la nuque et les cheveux de son époux, fermant quelques secondes les yeux pour apprécier les gestes de tendresse de celui-ci. « Je pourrais avoir un avant première en goûtant tes lèvres? » Elle tourna la tête pour le regarder, et elle fondit comme neige au soleil à la vue de sa figure de supplication, elle se tourna donc complètement, face à lui. Montant considérablement le feu sous ses casseroles, par inadvertance. Elle se mit sur la pointe de pieds, pour déposer ses lèvres sucrées sur celle de son mari, quelques instants. Instants qui ne furent que de courte durée. Le contenu des casseroles ayant pris feu, provoquant un bip, suivi des douches automatique anti-incendis installé dans la villa. Ils se retrouvèrent vite trempés, les plats brulés, inondés par les douches, et avec une Jeanne dépitée, presque au bord des larmes de cet échec cuisant, c'était le cas de le dire, elle se dépêcha d'éteindre les casseroles en feu, se brulant la main au passage, tant qu'à faire à avoir la poisse et éteignit le détecteur de fumée. Elle se tourna alors penaude, trempée jusqu'aux eaux et la main douloureuse vers Emilien. « J'espère que t'aime la salade verte et les fraises c'est tout ce qu'il nous reste à manger... »